Cet article proposé par le Dr Samuel David présente aux professionnels de santé et plus particulièrement aux médecins les recommandations à respecter dans le cadre des risques d'infection liés aux soins en médecine générale.
Trois articles du code de déontologie médicale rappelle l'importance du respect des règles d'hygiène lors d'activités de soins.
L'article 71 place le secret médical et l'hygiène à égalité en rappelant que le praticien doit veiller à ce que rien ne puisse compromettre la qualité des soins qu'il dispense.
Les articles 11 et 49 rappellent que tout médecin doit respecter les recommandations en matière d'hygiène et, à cette fin, perfectionner ses connaissances.
Dans les hôpitaux, les pratiques des soins sont clairement encadrées par des procédures d'hygiène établies au sein des Comités de Lutte contre les Infections Nosocomiales (CLIN).
Suivant l'expérience du groupe de FMC du Nord Cotentin, nous vous proposons trois points essentiels que nous espérons très pratiques : l'hygiène des mains, les DASRI, conduites à tenir en cas d'accident d'exposition au sang.
Evidemment, ces quelques pages ne peuvent aborder l'ensemble des recommandations concernant la totalité de la gestion d'un cabinet médical, aussi nous vous renvoyons aux différents liens et références.
Les techniques d'hygiène des mains sont fonction de l'acte à réaliser.
En médecine générale, tous les niveaux de risques infectieux peuvent être rencontrés :
Une bonne hygiène des mains nécessite un poste de lavage des mains complet. Celui-ci comprend un point d'eau, un distributeur de savon liquide domestique type « pousse mousse » , un distributeur de savon antiseptique, un distributeur de serviettes à usage unique, un distributeur de solution hydro-alcoolique et une poubelle à commande non manuelle.
Le lavage des mains avant des actes à faible risque infectieux se fait avec une solution hydro-alcoolique ou un savon domestique avec une durée de savonnage de 15 secondes minimum et 30 secondes au total.
Pour les actes à haut risque infectieux, les solutions hydro-alcooliques sont indiquées. Elles sont en effet très actives sur les bactéries et virus rencontrés en particulier le rotavirus. La dose délivrée par le distributeur doit être frottée entre les deux mains jusqu'à séchage complet, en insistant sur les espaces interdigitaux, la pulpe des doigts, paume et dos des mains, ainsi que les poignets. L'alternative est le lavage des mains à l'aide d'un savon antiseptique (Bétadine scrub*, Hibiscrub*, Chloriderm*…) le savonnage étant au minimum d'une minute.
Les actes à très haut risque infectieux doivent être précédés d'un lavage des mains en 2 temps de 2 minutes chacun, lavage au savon antiseptique en distributeur.
La gestion de ce type de déchets est réglementée par le décret du 6 novembre 1997.
Les DASRI sont des "déchets qui contiennent des micro-organismes ou leurs toxines, dont on sait ou dont on a de bonne raison de croire … qu'ils causent la maladie chez l'homme ou d'autres organismes vivants".
Ce sont :
Tout producteur de déchets est responsable de leur élimination.
Les praticiens ont obligation de signer une convention avec un organisme spécialisé pour l'élimination des DASRI. La liste des sociétés prestataires est disponible auprès de la DDASS de chaque département (DDASS de la Manche, service "santé environnement", 02 33 06 56 13) .
Au cours d'un acte de soins, la production de DASRI doit donner lieu à un tri et un stockage immédiat adapté au type de déchets produits. Ceci afin d'éviter tout risque d'accident pour le patient, le praticien, le personnel du cabinet médical, le personnel des sociétés d'enlèvement des déchets tant spécialisées que collectives.
Un praticien doit posséder un collecteur OPCT, un collecteur pour les déchets mous, une poubelle pour les déchets ménagers.
Les collecteurs spécifiques sont fournis par les organismes spécialisés qui assurent la collecte et l'incinération des DASRI.
La durée de stockage autorisée au sein du cabinet est fonction de la quantité produite :
VIH Info Soignant de 9 H à 21H tel : 0 810 630 515
SIDA info service 24H/24 0800840800
Les praticiens libéraux doivent avoir souscrits une assurance complémentaire volontaire auprès de la CPAM afin d'être couvert spécifiquement pour les risques d'accidents du travail et de maladies professionnelles.
Prévention des infections nosocomiales et de la dissémination des bactéries multirésistantes.
Article rédigé par le Dr Piednoir, pharmacien du service d'hygiène et de prévention du risque infectieux, Centre Hospitalier Avranches-Granville.
Définition
"Une infection est dite nosocomiale si elle apparaît au cours ou à la suite d'une hospitalisation ET si elle était absente à l'admission à l'hôpital. Lorsque la situation précise à l'admission n'est pas connue, un délai d'au moins 48 heures après l'admission (ou un délai supérieur à la période d'incubation lorsque celle-ci est connue) est communément accepté pour distinguer une infection d'acquisition nosocomiale d'une infection communautaire. Toutefois, il est recommandé d'apprécier, dans chaque cas douteux, la plausibilité du lien causal entre hospitalisation et infection. Pour les infections du site opératoire, on considère comme nosocomiales les infections survenues dans les 30 jours suivant l'intervention, ou, s'il y a mise en place d'une prothèse ou d'un implant, dans l'année qui suit l'intervention."
Source : Ministère de l'Emploi et de la Solidarité. Secrétariat d'Etat à la Santé et à l'action sociale. Comité technique national des infections nosocomiales. 100 recommandations pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales. 1999
Données épidémiologiques
> Consulter "l'enquête nationale de prévalence des infections nosocomiales", sur le site invs.santé.fr, juin 2006
Définition
"Une bactérie multirésistante (BMR) est une bactérie qui est devenue résistante à un ou plusieurs antibiotiques initialement actifs sur cette même bactérie. La résistance bactérienne aux antibiotiques dans les établissements de santé français est préoccupante. Elle est liée à l'usage inapproprié des antibiotiques et à la transmission épidémique des souches résistantes. Il existe des relations étroites entre la prévalence des BMR, d'une part, et l'hygiène et l'infection nosocomiale, d'autre part."
L'impact des BMR est sérieux :
Les principales bactéries concernées sont :
Source : Ministère de l'Emploi et de la Solidarité. Secrétariat d'Etat à la Santé et à l'action sociale. Comité technique national des infections nosocomiales. 100 recommandations pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales
Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SAMR)
Le SAMR est la principale bactérie multirésistante isolée en France et dans le monde.
On estime , en France qu'environ 1 staphylocoque doré sur 3 est résistant à la méthicilline contre moins de 1% dans les pays nordiques.
> Voir le tableau sur le site ecds.eurapo.eu
Le mécanisme d'acquisition du SARM est double :
Pour le SARM, c'est le premier mécanisme qui prédomine.
La prévention de l'émergence et de la transmission du SAMR dans les établissements de santé s'articule donc autour de 2 axes prioritaires :
De plus, la surveillance de toutes les infections à bactéries multirésistantes et la formation du personnel soignant (médecins, infirmières....) sont également essentiels dans une bonne démarche de prévention.
En région basse-normandie, le taux d'acquisition de SAMR est de 0,72 pour 1000 journées d'hospitalisationen court séjour.
source : Réseau Régional d'Hygiène. BMR en Basse-Normandie : résultats de l'année 2003.
Cadre légal et réglementaire
La lutte contre les IN est régie par un cadre légal précisant les modalités d'organisation :
Organisation pratique
La lutte contre les IN suit une organisation pyramidale :